Comment promouvoir une économie plus circulaire? Faire en sorte que les coopératives d’habitation se généralisent.  

L’accessibilité au logement a chuté dans de nombreux pays, empêchant de nombreuses familles de réaliser leur rêve de posséder une maison et forçant beaucoup d’entre elles à se tourner vers le marché de la location, ce qui ne fait qu’accentuer les inégalités. Les coopératives de logement sont considérées par beaucoup comme une bonne alternative, mais elles n’ont pas encore gagné en popularité.

Les coopératives de logement trouvent leur origine à Berlin au XIXe siècle et sont aujourd’hui plus populaires en Europe centrale et septentrionale, et en Amérique du Nord, en particulier au Canada. Elles varient légèrement dans leur forme, mais toutes ont pour membres-propriétaires les occupants, qui gèrent le logement de manière démocratique et collective.

L’absence de recherche de bénéfices par rapport aux logements locatifs gérés par des propriétaires, par exemple, signifie que les coopératives de logement sont souvent plus abordables. Au Royaume-Uni, les coopératives de logement pour étudiants se sont révélées nettement plus abordables que les logements locatifs privés comparables dans la même ville, ce qui permet aux occupants de conserver une plus grande partie de leur salaire.

Julie LaPalme
Julie LaPalme, secrétaire générale de CHI

Julie LaPalme, secrétaire générale de Cooperative Housing International, explique qu’elles contribuent à renforcer les familles et les communautés, grâce aux principes coopératifs de contrôle par les membres et d’intérêt pour la communauté.

« Les résidents des coopératives sont liés par un modèle de logement qui n’est pas imposé par le haut comme la plupart des autres types de logement. Lorsque votre voix compte et que vous bénéficiez d’une sécurité d’occupation, vous avez plus de chances de vous enraciner et de tisser des liens avec vos voisins », a déclaré Mme LaPalm.

Elle cite une étude approfondie  menée par urbaMonde et WeEffect sur l’impact de la COVID-19 sur les coopératives d’habitation qui a révélé que très peu d’expulsions avaient eu lieu pendant les périodes de confinement et que les coopératives étaient en mesure de générer des revenus collectivement. En outre, les voisins qui se connaissent se soutiennent mutuellement dans les moments difficiles.

Cette combinaison d’accessibilité financière et de sécurité contribue à renforcer les familles et à les attacher à leur communauté, mais elles peuvent aussi se tourner vers l’extérieur en étant souvent de fervents défenseurs des principes de l’économie circulaire. M. LaPalme explique comment les coopératives de logement de pays comme la Suède, la Norvège et la Suisse montrent la voie en matière de pratiques de construction durables et de mesures respectueuses de l’environnement.

« HSB, une coopérative de logement en Suède, donne la priorité à la durabilité en utilisant des matériaux renouvelables, du béton amélioré pour le climat et en se concentrant sur la réduction de son impact sur le climat. Elle s’est fixé des objectifs climatiques ambitieux pour parvenir à un fonctionnement neutre sur le plan climatique d’ici à 2040 », explique M. LaPalme.

La Ciguë, une autre coopérative d’habitation en Suisse, dispose d’un système de production d’énergie qui utilise deux réserves d’eau de 10 000 litres pour stocker l’énergie solaire destinée à l’eau chaude et au chauffage. Ce système a le potentiel d’alimenter entièrement le bâtiment avec de l’énergie renouvelable.

La coopérative d’habitation étudiante d’Édimbourg a transformé un garage inutilisé en un espace polyvalent qui sert de salle commune, de lieu de réunion et d’espace événementiel.

«Ils ont privilégié la durabilité en utilisant des matériaux renouvelables et récupérés, tels que des sols de gymnase récupérés et des isolants en laine de bois, et ont minimisé l’utilisation de béton et de produits à base de pétrole», explique M. LaPalme.

Malgré les avantages évidents et nombreux qu’elles offrent à leurs membres, les coopératives de logement restent rares dans de nombreux pays, car elles nécessitent des capitaux importants et ne sont pas très répandues parmi les membres potentiels.

M. LaPalme souligne que les partenariats avec différentes organisations de crédit sont essentiels pour créer de nouvelles coopératives de logement.

«De nombreuses coopératives ont mis en place des fonds de solidarité et d’accélération pour stimuler le développement. D’autres coopératives ont développé des mécanismes de financement par le biais de la finance éthique et de partenariats publics.

En Suisse, La Ciguë a bénéficié de la « Coopérative d’émission d’obligations pour le logement à but lucratif limité », créée par le gouvernement en 1991 et le mouvement des coopératives d’habitation. L’objectif est d’obtenir un financement abordable pour les logements à but non lucratif. Cela permet aux coopératives d’habitation suisses d’accéder à des capitaux qui ne seraient pas disponibles autrement, et c’est l’une des principales raisons pour lesquelles, à Zurich, 23 % du marché du logement est constitué de coopératives d’habitation.  

En Europe centrale, du Sud-Est et de l’Est, MOBA Accelerator  est un instrument de financement unique pour et par les nouvelles coopératives de logement dirigées par la communauté de MOBA en Europe centrale, du Sud-Est et de l’Est (CSEE).

« MOBA Accelerator aide les projets de logement communautaires en Europe centrale, du Sud-Est et de l’Est à accéder à des options de financement qui n’étaient pas disponibles auparavant », ajoute M. LaPalm. « Cet instrument a aidé des projets pilotes à surmonter les difficultés de la phase de démarrage en leur fournissant des prêts-relais à court terme. Avec le soutien du fonds de solidarité ABZ MOBA Accelerator s’est déjà avéré être un modèle de financement réussi qui profite aux initiatives de logement dans la région. »

Si le capital est essentiel, le leadership est également un ingrédient indispensable.

« WeEffect et Abri international ont tous deux joué un rôle essentiel dans le partage des connaissances et des expériences avec d’autres organisations, des décideurs et des communautés », a souligné M. LaPalme. « Grâce à leur soutien, de nombreuses initiatives de coopératives d’habitation ont été mises en place dans les pays en développement, offrant des logements abordables à ceux qui en ont besoin. »

Les coopératives d’habitation peuvent apporter des solutions aux problèmes de logement, mais le mouvement coopératif doit permettre à un plus grand nombre d’entre elles de se constituer en vue d’autonomiser les communautés et de construire une économie plus durable.

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