Fort de près de quarante ans d’expérience dans le mouvement des coopératives de travailleurs au Japon, Osamu Nakano est une voix majeure dans la structuration du paysage coopératif japonais et son ouverture à l’international à travers l’ACI, la CICOPA et le G20. Au GICS 2025, il apporte une perspective unique sur la nouvelle loi japonaise sur les coopératives de travailleurs — et sur le long parcours qui a mené à son adoption — offrant ainsi une source d’inspiration pour l’innovation coopérative dans le monde entier.
GICS : De votre position à la JWCU, comment voyez-vous les coopératives de travailleurs japonaises influencer les débats internationaux sur le travail et l’économie ?
Osamu Nakano : Les mouvements de coopératives de travailleurs ne se sont pas encore largement répandus dans de nombreux pays ou régions en dehors de l’Europe et des Amériques. À cet égard, le mouvement des coopératives de travailleurs au Japon, fort de près de quarante ans d’histoire, peut être considéré comme un bon modèle démontrant que les coopératives de travailleurs sont possibles au-delà des pays euro-américains. En particulier, une nouvelle loi sur les coopératives de travailleurs, promulguée en 2020, illustre une innovation juridique intéressante : les travailleurs (employés) y sont simultanément propriétaires (employeurs) de leur coopérative. C’est une véritable innovation légale.
GICS : Pouvez-vous donner un exemple où votre travail international — via l’ACI, la CICOPA ou le G20 — a eu un impact direct sur les coopératives ou les travailleurs au Japon ?
ON : J’ai passé plusieurs années à organiser le réseau des coopératives de travailleurs dans la région Asie-Pacifique, appelé CICOPA-AP, qui a finalement été établi en 2021. Depuis, le nombre d’organisations membres de la CICOPA dans cette région n’a cessé d’augmenter, et la création de la CICOPA-AP a largement contribué au développement des mouvements de coopératives de travailleurs dans le monde. Parallèlement, ces avancées internationales ont eu un grand impact sur le mouvement coopératif au Japon, en renforçant particulièrement les membres des coopératives japonaises par la prise de conscience qu’ils font partie d’un mouvement mondial.
GICS : Au GICS 2025, les participants viendront d’horizons variés. Quelle leçon des coopératives de travailleurs japonaises devraient-ils retenir ?
ON : Comme mentionné, la nouvelle loi sur les coopératives de travailleurs au Japon est vraiment innovante. La loi elle-même, ainsi que les longues années de plaidoyer qui ont conduit à son adoption, offriront des enseignements précieux aux participants.
GICS : Selon vous, quelle est la meilleure façon pour les coopératives de travailleurs d’Asie, d’Europe et d’ailleurs de se soutenir mutuellement ?
ON : Partager les expériences et les connaissances en matière de gestion des coopératives de travailleurs, de cadres juridiques et de politiques publiques, etc.
GICS : En vous projetant dix ans dans l’avenir, quel grand enjeu mondial les coopératives de travailleurs joueront-elles un rôle clé à résoudre ?
ON : Révolutionner le techno-capitalisme à l’échelle mondiale vers une économie plus humaine et durable, en abolissant la marchandisation de la force de travail. Lutter contre l’ultra-nationalisme dans de nombreux pays en réalisant la solidarité internationale de tous les travailleurs.